• Ce post est forcément personnel et vu de ma fenêtre, mais je ressens une inquiétude certaine - et je ne suis pas le seul - à la vue de ce qui me semble être une dérive rapide de la France vers un Etat policier, xénophobe, liberticide, mis en coupe réglée par un pouvoir de type totalitaire contrôlant à son avantage à la fois l'exécutif, le législatif, la justice et les médias.

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    La démocratie représentative implique la séparation des pouvoirs législatif, exécutif, et judiciaire. Le type de démocratie (parlementaire ou présidentielle) modifie la manière dont ces trois pourvoirs interagissent, dans le cas français nous sommes clairement dans un système présidentiel, qui est supposé impliquer une stricte séparation des pouvoirs. D'ailleurs la Déclaration des droits de l'homme dit bien: "Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution."

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    Dès lors, peut-on parler de stricte séparation des pouvoirs en France? Le chef de l'exécutif n'est'il pas de facto, aujourd'hui, le vrai patron du Parlement, c'est à dire que ce dernier n'est qu'une chambre d'enregistrement des décisions de l'exécutif? La Justice n'est-elle pas étonnament prompte à avaliser les désidératas de l'éxécutif (par ex affaire Colonna..), à censurer et punir les citoyens qui osent se lever contre la violence d'Etat? Plus grave encore, le fait que les trois pouvoirs bafouent sans vergogne leur propre Constitution, et notamment la Déclaration des Droits de l'Homme par le biais des droits naturels et imprescriptibles que sont la liberté et la résistance à l'oppression, ne devrait-il pas mettre le peuple dans la rue?

    Ce non respect du fondement même de la Constitution se décline de mille façon, que ce soit le sans-papier traqué et enfermé pour faire du chiffre administratif ou le simple citoyen contrôlé sans raison par des policiers cherchant a arrondir leur fin de mois (un outrage à agent est si vite arrivé...), sans que la Justice ne sourcille.

    Que penser du fait qu'un malheureux jeune homme, désirant mettre un terme digne à sa propre déchéance et faisant l'effort d'utiliser son cas pour relancer le débat sur l'euthanasie, ne recoive en guise de réponse qu'une missive hypocrite du Président et - comble de l'horreur et marqueur de la profonde déchéance morale de la magistrature - une demande d'autopsie suite à son décès. Une autopsie dans ces conditions (on sait de quoi Remy est mort, tout comme on savait de quoi était morte Chantal Sébire) n'a rien à voir avec une quelquonque recherche utile, et tout à voir avec l'humiliation volontaire d'un corps et de toute une famille ayant déjà beaucoup souffert. Pourquoi? Et pourquoi accepter ces pratiques, qui en d'autres temps auraient été dignes d'un sordide passe-temps de docteur SS?

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    Le régime en place en France aujourd'hui met en avant la peur (le terrorisme, les arabes, les sans papiers, les chauffards, les fumeurs, la Chine, etc...) pour faire passer des lois lliberticides et mettre la main sur l'appareil judiciaire. Se proposant de lutter contre tous ces dangers qui justifient ces politiques, Sarkozy fait la guerre aux symboles de la peur sur son propre territoire par le biais de ses policiers. Le peuple n'étant pas armé et la police toute puissante, ca marche. Et c'est un grand pas vers l'Etat policier. On entend souvent de la part du camp anti-américains que les US sont un Etat policier. C'est peut être vrai, je n'y habite pas, mais ce qui est sur c'est que Michael Moore est vivant et libre au USA, alors que si un Michael Moore français osait faire sur Sarkozy un dixième de ce que MM ose faire sur Bush, il y a longtemps que les juges auraient mis notre cinéaste en tôle, et que ses écrits et films ne circuleraient que sous le manteau.

    Alors, existe t'il encore une liberté de parole en France? Oui, tant que l'on reste dans le cadre que le pouvoir et les juges estiment acceptable, c'est-à-dire non, en fait.

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    Mais la réduction du droit d'expression n'est pas seulement le fait du pouvoir, des associations que je soutiens habituellement sont parfois des vecteurs de ce même recul.

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    Je prends un exemple politiquement incorrect: la publication par les éditions du Rocher du livre du général Aussaresse "Pour la France, Services Spéciaux, 1942-1954". Je n'ai pas lu ce livre et n'ai absolument aucune sympathie pour le personnage, mais j'estime que ceux qui ont fait ce procès, notamment la Ligue des Droits de l'Homme, commettent un abus de justice: à partir du moment ou personne n'est obligé de lire ce livre, que ce n'est pas un exercice en flagrante diffamation, on ne doit pas l'interdire, et ce d'autant moins qu'il représente une certaine réalité historique, aussi horrible quelle soit. C'est une question de principe, soit on accepte la liberté d'expression, soit on ne l'accepte pas, il n'y a pas de situation intermédiaire.

    Je cite ici un extrait de l'interview de Henri Leclerc, après le jugement, ou il parle de cette notion de liberté d'expression:

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    "Henri Leclerc. La liberté d'expression étant une notion démocratique fondamentale, la Ligue des droits de l'homme n'avait pas estimé devoir mettre en cause les éditeurs. Je n'approuve néanmoins pas la campagne actuelle lancée par certains d'entre eux pour présenter ce jugement comme une grave atteinte à la liberté. Car, d'une certaine manière, comme l'a remarqué Simone de Bollardière, on pourrait considérer que les éditeurs ont publié un témoignage qui a contribué au débat sur la guerre d'Algérie. On pourrait en discuter. Mais ce qui reste indiscutable et répréhensible, c'est d'avoir rédigé un avertissement au lecteur qui présente quelqu'un d'impliqué dans des actes abominables comme un simple " personnage de roman ".

    (Source: http://www.humanite.fr/2002-03-16_Politique_GUERRE-D-ALGERIE-Memoire-la-veille-du-40e-anniversaire-du-19)

    <o:p> </o:p>Attaquer la liberté d'expression parce que la couverture du bouquin présente Aussaresse comme un "personnage de roman"? Ca me paraît plus que léger. J'avoue ne pas comprendre. Mais ce qui me semble clair est le fait que les atteintes à la liberté d'expression, et par extension les atteintes à toutes les libertés, ne sont pas le fait exclusif d'une droite réac, mais plutôt un courant de pensée qui existe dans de nombreux segments de la population, un peu comme une gangrène. Et qui pourrait expliquer pourquoi aucun parti politique, hors peut être la LCR par moment, ne se positionne clairement contre l'érosion des libertés et l'avancée de l'Etat policier. Evidememnt, quand vous êtes au pouvoir, de gauche comme de droite, il est plus comfortable de gérer une population en couple réglée plutôt qu'un peuple bruyant et remuant...

    =Vincent=


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